Les errements d'un ministre
Lettre ouverte de Normand Landry, professeur à la TÉLUQ et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en éducation aux médias et droits humains.
La semaine dernière, le ministre de l’Éducation, François Blais, a jeté un pavé dans la marre en laissant planer le doute sur l’avenir de la TELUQ. L’abolition pure et simple de cette institution d’éducation et de recherche serait « envisagée », selon un article paru dans La Presse+, un scénario qui n’a pas été réfuté par le ministre. Ce faisant, le ministre laisse en suspens le sort de cette université.
Il aurait été difficile d’imaginer une trame plus efficace pour semer l’effroi au sein de la population étudiante, composée de près de 18 000 étudiants inscrits. Il aurait été difficile, aussi, de concevoir une manière plus efficace de miner le recrutement et d’affecter profondément les finances précaires d’une université en changement. Une telle sortie apparaît, a priori, aussi irresponsable que contre-productive.
Quelques faits, d’abord.
La TÉLUQ accueille 93 % d’étudiants inscrits à temps partiel. L’immense majorité – 86 % – occupe un emploi, tandis que la moitié des étudiants inscrits ont des personnes à leur charge. Nos étudiants sont, en premier lieu, des étudiantes, des mères et des travailleuses.
Lorsque la jeune essayiste Aurélie Lanctôt soutient que les politiques d’austérité du gouvernement libéral sont sexistes et frappent d’abord les femmes, c’est de cela qu’il est question.
Notre mode d’éducation, entièrement à distance et caractérisé par une grande flexibilité dans les études, vise précisément à démocratiser l’accès à une éducation supérieure de qualité. La remise en question de l’existence de notre université s’effectue dans le cadre de mesures budgétaires minant l’accessibilité au système universitaire québécois.
Et pourtant, la « performance » de notre université devrait ravir le gouvernement et s’inscrire dans la logique qu’il privilégie. La TELUQ compose avec un fonds de fonctionnement équivalant à 4 % de celui de l’ensemble du réseau de l’Université du Québec, pour 8 % des inscriptions totales. Un corps professoral restreint, composé d’un peu plus d’une soixantaine de personnes, se dévoue à la tâche.
Notre université a développé une expertise de pointe en éducation à distance. Nous sommes tous, à la TELUQ, désireux de participer à une grande discussion sur la place qu’occupera l’éducation à distance au Québec. Notre perspective est celle d’une coopération productive avec l’ensemble des acteurs du milieu universitaire québécois. Mais cela ne saurait se faire sereinement lorsque le ministre de l’Éducation, par ses déclarations, remet en question les fondations de notre légitimé sur la place publique.
Source: http://plus.lapresse.ca/screens/0ed446f1-086f-459e-9c1a-7b72937981af%7C_...
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